13/05/2009

Les Follies Gerbèrent"

TITICUT FOLLIES
de Frederick Wiseman (1967)
Synopsis:Les conditions de vie dans la prison d'État de Bridgewater (Massachussets), réservée aux criminels malades mentaux. Le Documentaire montre de quelle façon les détenus sont traités par les gardiens, les travailleurs sociaux et les psychiatres.
Premier film de Wiseman, Titicut Follies a été interdit de diffusion aux États-Unis pendant 24 ans. Le film est en noir et blanc, magnifiquement cadré et monté,
sans commentaire, sans effet, sans compassion, sans concession.
D'autant plus impitoyable et bouleversant.
Le film: Attention vous allez entrer dans la réalité. Êtes vous prêt à l'affronter?
Ce film est l'un des plus bouleversant jamais tourné. Tout simplement.
On assiste atterré à la vie quotidienne des pensionnaires du
Massachussets Correctionnal Institute (MCI), dans toute sa banalité et son horreur
ce qui rend la chose encore plus difficilement supportable, puisqu'on sait que cette vie continuera bien au delà du film, mais aussi de cette institution,
qui n'est sans doutes qu'un exemple parmi d'autre. Reflet d'une époque ou les malades mentaux n'étaient que des animaux parqués dans l'attente de la mort,
ou la thérapie était absente et le personnel bien peu motivé.
Des gens nus privés de toute dignité, maltraités, drogués
et vivants dans des conditions précaires qui rappellent plus celles des camps cités
dans le post précédent, que celles d'un quelconque hôpital.
Dans une séquence éprouvante, un malade est nourrit de force
par intubation dans le nez, avec peu de précautions.
Il décédera un peu plus tard.
Les Docteurs et infirmiers semblent plus préoccupés par le spectacle de fin d'année
de l'hôpital (le "Titicut Follies"), avec des numéros chantés et dansés,
incluant malades et employés. Le contraste entre les répétitions
et la vie de tous les jours est encore plus choquante.
Le plus fascinant dans tout cela, c'est que les "tortionnaires"
n'ont pas l'air de mauvais bougres, ils ne font que leur travail
et reflètent la société qui les entoure.
Le tout contraste encore plus avec la dureté des images,
parfois à la limite de l'insoutenable.
Il est évident que les patients ne sont sans doutes pas des enfants de chœur
et que certains souffrent de pathologies extrêmement lourdes,
mais sont ils moins humains pour autant?
Wiseman a ensuite continué sa carrière et réalisé un paquet de docs 
sur des sujets divers, bien souvent dérangeants, mais n'a jamais connu
autant de problèmes que sur celui ci.
Interdit et devant être brulé selon la court du Massachussets,
il fut déclaré coupable de violation de la vie privée et de l'intimité des patients,
bien qu'il ait toutes les approbations signées en sa possession .
Assez risible de la part de la Justice de vouloir si bien défendre les malades
alors qu'une institution d'État les traite si mal.
Bien sur ce n'était pas pour cacher quoi que soit au public.
Nooooooooooon, voyons. Mauvaises langues!
Après une longue bataille juridique émaillée de plaintes de toutes parts,
y compris de certains malades contre l'institution,
le film fut autorisé uniquement pour un public médical
ou à des fins éducatives en 1969. Puis pour tous public en 1991,
suite sans doutes aux plaintes des patients dont certaines avaient faits grand bruit.
Hélas bien d'autres cas existent toujours à notre époque, tout aussi atroces,
et on tentera toujours de nous les cacher.
Ne nous laissons pas leurrer par une vague impression de liberté,
comme toujours on nous montrera ça dans une vingtaine d'années,
en glorifiant l'évolution de notre race avec le temps.
Mais est ce vraiment le cas?
Un film qui devrait être d'utilité publique,
qui nous fait réfléchir à notre place dans la société,
mais surtout à la place de la société dans notre vie,
conditionnant nos actes et décidant de notre sort.
Un jour victime, un jour bourreau.
Les places pouvant s'interchanger à tout moment,
mieux vaut être vigilant.
Disponibilité: En VHS, DVD et 16mm film pour projection publique
ou privée chez Zipporah Films , disponible depuis 2007,
après une diffusion unique sur PBS en 1992.
Déjà projeté à la Cinémathèque et au centre Pompidou en Vo st Fr.

Visible sur un site japonais Ici



Petite Histoire du Massachussets Correctionnal Institute de Bridgewater:

Si certains des patients de l'hôpital étaient bel et bien dangereux,
la plupart ne l'étaient pas.
Le cas le plus fréquent était celui d'un patient entré pour offense mineure,
condamné à deux ans maximum, mais qui faute de moyens et de soins
n'était pas apte à retourner à la vie civile. Il restait donc parfois
toute sa vie à l'hôpital et y finissait ses jours.
Il n'y avait aucune distinction entre les patients selon leur états,
et les traitements étaient similaires. Leur nombre était sans cesse grandissant
et on les envoyait de partout, instituts, prison, etc...
Il aurait grimpé de 300 à 500 patients à cette époque.
Les cellules étaient vieilles de plus de 90 ans et ne contenaient ni toilettes,
ni commodités, et étaient dans un état particulièrement délabré.
La section fut fermée en 1972 pour maintenance et mise aux normes sanitaires.
Il est toujours ouvert de nos jours.


Visitez la ville de Bridgewater ici



12/05/2009

MONDO RARO 1: Les Films introuvables




Synopsis: En Allemagne, un clown mégalomane ayant abusé de la boisson est arreté par la police après une imitation d'Hitler. Dans le camp de concentration il se prend d'amitié pour des enfants juifs et fait le clown pour eux, au grand dam du commandant du camp. Embarqué par erreur avec eux dans le train pour Auschwitz, il est chargé par l'état major de les mener aux chambres à gaz en douceur.
D'après les rumeurs circulant tout azimuts, le film serait bloqué pour des questions de droits entre Jerry et les auteurs et aurait donc été enterré et oublié. Mais une question se pose: Horrible navet honteux ou Chef d'oeuvre d'une vie.
Ce projet que Jerry Lewis tenait extrêmement à cœur, son premier film "sérieux", et dont il est le seul à détenir une copie complète ou presque, est un des plus recherché par les avides collectionneurs. Surtout que contrairement à d'autres, le peu d'informations, son sujet et le mystère qui l'entoure en fait un mets de choix. Jerry le cache t'il par honte? Un tel projet mêlant humour et drame, qui plus est dans une situation telle que celle ci est dur à gérer et peut vite tourner au carnage. Selon les quelques personnes qui l'auraient vu lors d'une projection privée chez Jerry lui même, ce serait le cas. L'humour serait très mal placé et ne fonctionnerait pas du tout dans ce contexte de camp de concentration et rendrait toute sortie impossible sous peine de volée de bois vert de toute parts. Harry Shearer est de ceux la, l'acteur de l'excellentissime This Is Spinal Tap (1984) , déclara à quel point la vision du film fut pénible, tant tout était à coté de la plaque. Les auteurs Joan O'Brien et Charles Denton sont apparemment d'accords sur ce point, puisqu'ils n'ont pas voulus renouveler les droits d'auteurs expirés au cours du tournage obligeant Jerry a investir son propre argent pour le , dans l'espoir que ses producteurs allaient régler ce problème. Selon les auteurs, Jerry a complètement changé le personnage et a fait d'un clown sinistre, mauvais et égoïste, un artiste incompris et talentueux rendant l'histoire ridicule et ajoutant un humour déplacé.
La distribution réserve quelques surprises avec le grand Anton Diffring, habitué au rôles de méchants nazis, mais également des français Pierre Étaix et Serge Gainsbourg. Il n'est pas évident qu'ils apparaissent dans de grands rôles, puisque le tournage a débuté à Paris avant de continuer en Suède pour l'action principale dans le camp de concentration. Il se peut donc qu'ils ne figurent que dans une introduction ou des scènes de complément. Il n'y a pas si longtemps Roberto Begnini avec La Vie est belle a tenté l'expérience avec un script similaire, ou il doit faire rire son fils pour traverser les horreurs de la guerre et lui ça lui a plutôt bien réussi. Y aurait il une quelconque inspiration? Les dessins de production nous donnent à penser qu'effectivement les mimiques de ce bon vieux Jerry ne soient fort déplacées et de mauvais goût et plusieurs scènes du script le confirme. Il est possible que ce soit des dessins satiriques de l'époque destinés à moquer le personnage ainsi que ce projet. Le mystère reste donc entier.



BONUS RARES
(merci à Subterranean Cinema pour ces merveilles)

Rares images de tournage.

Le script final retouché


Le script original

Pour plus d'infos en Anglais voir ici

Laurence Klavan a écrit un livre sur l'histoire d'un geek fou de films qui en recherche désesperement une copie. Rigolo.
Son site

08/05/2009

Féminisme grignotant pour amantes peu religieuses.


Femmine Carnivore
Die Weibchen (1970)

de Zbynek Brynych

Casting: Uschi Glas, Irina Demick, Françoise Fabian, George Ardisson, Pascale Petit, Alain Noury.

Synopsis: Eve vient faire un petit séjour dans une clinique afin d'éliminer son stress. Elle va découvrir une ribambelle de féministes sexy et allumées, grande dévoreuses d'hommes, de préférence bien "saignants".
Le Film: Un œuvre bien étrange dans tous les sens du terme. Un réalisateur tchèque et une distribution internationale prestigieuse pour un film Italo/Franco/Allemand aux allures de Giallo qui n'en est pas un. Tout comme Eve (Uschi Glas), on découvrira un monde mené par les femmes, qui ne se contentent pas de régner sur la clinique, mais également sur la ville voisine ou ne semble vivre aucun homme, à l'exception d'un commissaire de Police veule et d'un jardinier monstrueux tout deux soumis à la cause.
Bien sur l'horreur pointera le bout de son nez avec meurtres et disparitions de mâles passants par là, culminant dans un final sanglant, ou un homme sera débité (quel choix de verbe judicieux) à la scie circulaire par deux furies hilares. On comprendra donc bien mieux le goût prononcé de ces dames pour la viande rouge. Pour les moins futés, diverses allusions à la Mante religieuse dévorant le mâle après l'accouplement, émaillent le récit.
Françoise Fabian qui est sans doute la plus connue du casting, est entourée d'une pléiade d'acteurs et actrices habitué(e)s au Giallo et aux thrillers de l'époque, et c'est déjà un délice. Très peu d'érotisme pour l'époque, mis à part des poitrines nues en pagaille, surtout lors d'un meeting féministe ou tout le monde brûle son sous-tif dans le délire le plus total.
Une ambiance irréelle de rêve éveillé, entretenue par des plans obliques, des fisheyes, de longues focales et tout l'attirail des seventies, entretient l'éveil du spectateur ébahi devant tant d'efforts. Des filles magnifiques, des décors luxueux et des vêtement aux couleurs chatoyantes ainsi qu' une musique Rock Jazzy psychée et plusieurs touches d'humour ne font que rajouter au charme de l'entreprise. Pour toutes ces raisons, ce petit brûlot féministe cannibale reste un de mes petits plaisir coupable dont je ne me lasse pas.
Léger bémol sur le petit twist final pourri souvent utilisé et qui a gâché plus d'un film, reniant tout ce qu'on vient de voir et qu'il vaut mieux oublier au plus vite.
Il est assez incompréhensible que ce titre soit aussi obscur, alors qu'il ravirait tous les amateurs de Bis et d'étrangetés en tout genre. Le plus à plaindre est tout de même le pauvre Zbynek Brynych, qui finira sa carrière à réaliser des épisodes de "Derrick" et autre Teutonneries télévisées de bas étage.

Disponibilité: Très rare. Une VHS Italienne, espagnole et Mexicaine à ma connaissance et rien d'autre. Pas d'édition dans notre belle contrée qui a pourtant co-produit la bête, à moins d'un titre aberrant et d'un casting trafiqué, ce qui ne serait pas la première fois.



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